Fiche ressource | foncier & énergie

Valorisons les toits de la Ville grâce aux serres intégrées au bâti

 
 

 Pourquoi ?

 
  • Face à la rareté des espaces exploitables et à la volonté de créer des bâtiments s’inscrivant dans l’économie circulaire, la “colonisation agricole” des toits est une tendance en forte croissance, notamment dans les villes denses.

  • Parmi les différents types d’agriculture urbaines possibles en toiture, les serres intégrées au bâti semblent se distinguer par leur fort potentiel de symbiose avec le bâtiment hôte et une gestion plus efficace des ressources.

  • La culture en serre est d’autant plus pertinente en climat froid car elle permet d’allonger la saison des cultures et d’augmenter les rendements.

  • Des synergies potentielles concernent les échanges thermiques entre le bâti et la serre, la captation de CO2 mais aussi la récupération d’eau de pluie et les potentielles retombées sociales et économiques sur le territoire d’implantation.

 
  • 25 à 30 % des déperditions de chaleur d’un bâtiment ont lieu sur son toit. Agir sur les émissions reliées au chauffage et à la climatisation des grands bâtiments en zone urbaine représente une action pertinente à laquelle peut participer l’agriculture urbaine à travers l’établissement de fermes en toiture.

illustration montrant un bâtiment avec un toit vert et des synergies

 25 à 30 % des déperditions de chaleur d’un bâtiment ont lieu sur son toit

Potentiel sur l’île de Montréal

 
  • La hausse du prix des terres agricoles (en moyenne +7,3 % pour l’ensemble du territoire québécois selon le rapport de Financement agricole Canada (FAC) sur la valeur des terres agricoles en 2020, publié en mars 2021) pourrait rendre plus attractif le prix d’une surface sur les toits de Montréal.

  • Montréal a été pionnière dans l’établissement de serres sur toit intégrées au bâti grâce aux Fermes Lufa. Il existe 10 serres sur toit à Montréal (3 commerciales, 4 universitaires et 3 communautaires) représentant 2,5 Ha de superficie.

 
  • L’architecture nord-américaine aux toits plats offre un fort potentiel de développement aux fermes sur toit. 115 bâtiments totalisant 36 Ha d’espaces cultivables seraient propices dans les seuls quartiers du district central et secteur Hodge-lebeau, dans l’arrondissement d’Ahuntsic.

  • 55 bâtiments municipaux de plus de 2000 m² ont été construits entre les années 1960 et 1980 et pourraient être davantage susceptibles d’avoir une charge portante suffisante pour accueillir une ferme sur toit. Alors que les bâtiments sont responsables de 26% des émissions de gaz à effet de serre de la collectivité montréalaise, l’implantation de serres sur toit pourrait permettre d’améliorer le bilan énergétique de l’ensemble.

Alors que les bâtiments sont responsables de 26% des émissions de gaz à effet de serre de la collectivité montréalaise, l’implantation de serres sur toit pourrait permettre d’améliorer le bilan énergétique de l’ensemble

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Freins

  • Trouver un propriétaire acceptant d'accueillir une serre sur le toit de son bâtiment.

  • Contraintes structurelles des bâtiments comme la charge portante des toits.

  • Exigences de la Régie du Bâtiment du Québec (une serre sur toit est régie par le Code national du bâtiment), comme celle relative aux matériaux inflammables. Cela contraint à un revêtement en verre or, une construction de serre en verre nécessite une expertise particulière et engendre des surcoûts.

  • Coûts d’installation élevés en toiture (contraintes dûes au travail en hauteur, équipements spécifiques, étanchéisation du toit, absence d’expertise locale qui implique de faire appel à des compagnies étrangères…).

  • Manque d’expertise et de manufacturiers québécois

  • Contraintes réglementaires locales pouvant être différentes d’un arrondissement à l’autre.

  • Technicité de la culture sous serre par rapport à d’autres pratiques culturales (gestion de l’environnement intérieur, lutte contre les parasites, etc.).

  • Difficulté de rentabiliser l’infrastructure sur de petites superficies. Pour les serres sur toit, les investissements nécessaires sont trois à dix fois supérieurs aux projets de serre sur sol en milieu rural.

 

Leviers

  • Identifier explicitement les serres sur toit comme un outil permettant d’atteindre les objectifs réduction de gaz à effet de serre dans le secteur du bâtiment. En effet, la réduction des gaz à effet de serre induite par les synergies entre le bâtiment et la serre (échange thermique et captation de CO2 notamment) s’inscrit dans les objectifs de carboneutralité de la Ville de Montréal.

  • Généraliser les mesures adoptées par certains arrondissements pour favoriser l’implantation de serres sur toit. Exemple : exclure du calcul de la densité de construction la superficie de plancher d’une serre sur toit utilisée à des fins de culture végétale industrielle ou commerciale. Ou encore, conditionner l’obtention de certains permis de construire à la présence de serre sur toit.

  • Accompagner les porteurs de projets, dans le développement de leur projet et la définition de leur modèle économique et plan d’affaires. Le programme montréalculteur joue ce rôle en soutenant l’établissement de fermes urbaines.

Aides financières existantes :


  • Pour les propriétaires d’immeubles, la construction d’une serre sur toit est considérée comme une rénovation éligible à une subvention équivalente à la hausse de la taxe foncière induite (Programme Bâtiments industriels durables).

  • La stratégie de croissance des serres du gouvernement du Québec propose un soutien financier aux entreprises serricoles, ce soutien est applicable au milieu urbain.

 

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Exemples inspirants

Ils l’ont fait

 

Fermes Lufa

Montréal, Québec

 

Les Fermes Lufa est une référence de l’agriculture urbaine sur toit. La compagnie détient 3 grands complexes de Serres sur Montréal (et un à Laval) dont l’un fait partie des plus grands du monde. A la fine pointe de la technologie, leurs serres intégrées aux bâtiments minimisent notamment la consommation d’énergie. Selon la compagnie, les économies de chauffage pour leur serre à Ahuntsic seraient de l’ordre de 50% et de 20 à 30% pour la consommation du bâtiment.

 

NANTES METROPOLE HABITAT
Ecotropy

Nantes, France

Le projet Symbiose dans la ville de Nantes en France utilise une serre en toiture comme récupérateur d’énergie dans le cadre de la réhabilitation thermique d’un immeuble de 24 logements sociaux. L’idée est d’exploiter le potentiel de captation d’énergie solaire de la serre pour préchauffer l’eau sanitaire de l’immeuble tout en développant une activité d’agriculture urbaine dans le quartier.
Un outil numérique de prédiction, développé par l’entreprise Écotropy, déterminera l’équilibre entre la production de kW, la température et l’hygrométrie de la serre en fonction de la météorologie. «Une pompe va extraire les calories accumulées dans la serre, et cette énergie va être acheminée de manière à ce que le réseau d’eau chaude sanitaire soit chauffé. En 1 an sur la surface de la serre, le rayonnement solaire apporte 5 fois plus d’énergie qu’il ne faut pour produire l’eau chaude pour l’ensemble des locataires! », détaille Alexandre Nassiopoulos, fondateur et directeur d’Ecotropy. La serre-pépinière de 400m2 a été livrée en mai 2022. 

 

Ils y pensent

La Centrale Agricole

Montréal, Québec

 
 

VILLE DE MONTRÉAL

Montréal, Québec

La Centrale agricole, coopérative d’agriculture urbaine à Ahuntsic envisage d’installer une serre en polycarbonate sur son toit. Le polycarbonate, plastique rigide transparent, est un revêtement couramment utilisé en serriculture traditionnelle mais actuellement interdit pour une construction sur toit par la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) en raison de son caractère inflammable. Pourtant, en comparaison au verre, ce matériau est plus aisé et moins coûteux à installer. La Centrale agricole a obtenu une dérogation pour mener son projet.

 

La Ville de Montréal souhaite intégrer une serre maraîchère sur le toit de son nouveau centre de traitement des matières organiques (CTMO) à Ville Saint-Laurent. Cette implantation a été prévue au projet qui autorise explicitement l’usage complémentaire « production agricole ou horticole en serre » sur le toit du bâtiment principal. La serre pourrait potentiellement être chauffée grâce à la chaleur produite par le procédé de compostage des matières organiques. La Ville s’est s’assurée que l’infrastructure permette l’implantation d’un toit maraîcher et choisira un opérateur privé ou un OBNL pour assurer la construction et l’opération des serres. 

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Valoriser le foncier aérien de la Ville grâce aux serres sur toit intégrées au bâti